En Granada...

Algunos pasos hacia la sombra de Washington Irving, el murmullo del agua, un soplo en las hojas: fantasmas verdes y azules envuelven las torres. En Granada, en mi casa, me ampara la Alhambra. Por encima de la Cuesta de los Chinos se yergue cual una orgullosa sultana, y tres infantas vigilan los últimos pasos del Rey Chico; en una blanca esquina del Albaicín aparece, tímida princesa, antes de esfumarse. Como un espejismo se esconde temblorosa detrás de una chumbera, el Sacromonte la está admirando de lejos, tan cercana e inaccesible. Corre el agua de las fuentes, la del Darro y del Genil; con su murmullo se mezclan tantos colores, tanta tranquilidad, tantas sombras, una luz deslumbradora y la impresión de haber vivido aquí siempre. Quisiera llevarme cada ruido, cada sonido, cada murmullo, tus colores y tus perfumes, quisiera llevarme cada instante, las flores, el canto de un pájaro, algunas gotitas de eternidad y tus secretos, tu blancura, la luz de la luna y un rayo sol, un pedacito de cielo, tus nubes, tus estrellas, una rosa y me lo llevo todo en el corazón, en la memoria, en la punta de los dedos, tan lejos estás y al alcance de mi alma. Un recuerdo de jazmín me hace viajar hacia ti y me duermo en tus brazos, mecida en la cuna de la luna granaína, te quiero mi Granada.

Véronique RAMOND

Quelques pas vers l'ombre de Washington Irving, le murmure de l'eau, un souffle dans les feuilles : des fantômes verts et bleus enveloppent les tours. A Grenade, chez moi, l'Alhambra me protège. Elle se dresse au-dessus de la Cuesta de los Chinos comme une orgueuilleuse sultane, et trois infantes guettent les derniers pas de l'Enfant Roi; au coin d'une rue blanche de l'Albaicín elle apparait, timide princesse, avant de s'évaporer. Comme un mirage elle se cache en tremblant derrière un figuier de Barbarie, le Sacromonte l'admire de loin, si proche et innaccessible. L'eau des fontaines coule, celle du Darro, celle du Genil; à leur murmure se mêlent tant de couleurs, tant de paix, tant d'ombres, une lumière aveuglante et cette impression d'y avoir toujours vécu. Je voudrais emporter chaque bruit, chaque son, chaque murmure, tes couleurs et tes parfums, je voudrais emporter chaque instant, les fleurs, le chant d'un oiseau, quelques gouttes d'éternité et tes secrets, ta blancheur, la lueur de la lune et un rayon de soleil, un petit bout de ciel, tes nuages, tes étoiles, une rose, et dans mon coeur j'emporte tout, dans ma mémoire, au bout de mes doigts, tu es si loin et à portée de mon âme. Un souvenir de jasmin m'entraîne vers toi et je m'endors dans tes bras, dans le berceau de la lune grenadine, je t'aime ma Grenade...

Véronique RAMOND