También la lluvia / Même la pluie - Iciar Bollaín

Cochabamba. Bolivia. Año 2000. Una fila de espera. Mucha gente. Gente pobre. Una cámara. Un équipo de rodaje. La tensión es palpable.

Se trata de rodar una película sobre la llegada de Colón al Caribe y la explotación de los indios Taïnos, presentando a dos de sus más grandes defensores: Bartolomé de las Casas y Antonio Montesinos.

Se distingue un hombre : Daniel. Un líder. Quiere justicia. Quiere que les den una audición a todos para conseguir un papel en la película. Es bajito, pero en la mirada tiene toda la fuerza del mundo, esta fuerza que proporcionan tantos años de sufrimiento y de lucha por su superviviencia. Porque de eso se trata : de sobrevivir. A la guerra en que se enfrentan los Taïnos con los hombres de Colón se antepone otra guerra : la que llevan los indios de Cochabamba contra una multinacional que pretende privatizar el acceso al agua, privando así a las poblaciones pobres del derecho más elemental de abastecerse.

Las escenas del rodaje y las escenas de la vida real se suceden. Escenas que al fin salen tan parecidas que se confunden, como ésta -surrealista- en que la policía local persigue, pega y tortura a los indígenas rebeldes, disfrazados de Taïnos. La mirada exterior de la cámara, que al principio aparece como una poderosa arma de denuncia, en realidad es una mirada impotente -¿ indiferente ?. El espectador espera que aparezca un nuevo Bartolomé de las Casas, un nuevo Montesinos. Los Taïnos tuvieron sus defensores, pero ¿ quién sostendrá a esta gente pobre que cada día lucha por sus derechos fundamentales ?

También la lluvia evidencia sin compasión y con una increíble exacitud la dificultad de elegir entre indiferencia y compromiso. ¿ Hasta dónde puede/debe uno comprometerse y arriesgar los intereses económicos para defender sus ideales ?

Véronique RAMOND

Cochabamba. Bolivie. Année 2000. Une file d'attente. Beaucoup de monde. Des gens pauvres. Une caméra. Une équipe de tournage. La tension est palpable.

Il s'agit de tourner un film sur l'arrivée de Colomb aux Caraïbes et sur l'exploitation des indiens Taïnos, en présentant deux de leurs plus grands défenseurs : Bartolomé de las Casas et Antonio Montesinos.

Un homme se distingue : Daniel. Un leader. Il réclame justice. Il veut qu'ils soient tous auditionnés pour le film. Il est de petite taille, mais il a dans son regard toute la force du monde, celle laissée par tant d'années de souffrance et de lutte pour sa survie. Car c'est bien de cela dont il s'agit : de survivre. Une autre guerre vient se superposer à celle qui oppose les Taïnos et les hommes de Colomb : celle que les indiens de Cochabamba mènent contre une multinationale qui prétend privatiser l'accès à l'eau, privant ainsi les populations pauvres du droit le plus élémentaire de s'approvisionner.

Les scènes du tournage et les scènes de la vie réelle se succèdent. Des scènes qui au fond sont si semblables qu'elles se confondent, comme celle -surréaliste- où la police locale poursuit, frappe et torture les indigènes rebelles, déguisés en Taïnos. Le regard extérieur de la caméra, qui apparaît au début comme une puissante arme de dénonciation, est en réalité un regard impuissant -indifférent ?-. Le spectateur attend qu'apparaisse un nouveau Bartolomé de las Casas, un nouveau Montesinos. Les Taïnos ont eu leurs défenseurs, mais qui viendra secourir ces gens pauvres qui luttent au quotidien pour leurs droits fondamentaux?

Même la pluie met sans compassion et avec une incroyable justesse en évidence la difficulté de faire un choix entre indifférence et engagement. Jusqu'où peut-on / doit-on s'engager, quitte à mettre en péril les intérêts économiques pour défendre ses idéaux ?

Véronique RAMOND