En diciembre de 1501 Juana y Felipe se encaminan a España donde las Cortes deben jurar a Juana como heredera de la Corona; se detienen en Blois donde reside la Corte francesa. Las relaciones entre Juana y los monarcas franceses son muy tensas porque Luis XII está disputando a Fernando el reino de Nápoles. Juana, que no puede aceptar que la consideren como una vasalla del rey de Francia, quiere afirmar su autoridad.
"- No, este vestido no -decide Juana-. Hoy quiero ir vestida a la española.
La camarista se asombra. ¿ Por qué la archiduquesa exige uno de sus pesados atavíos envarados, rígidos a fuerza de bordados de oro y plata, cuando las damas francesas visten telas flexibles, fino lino, suaves pieles?
- ¿ Me habéis oído ? -pregunta Juana.
Para esta misa solemne con la reina de Francia no quiere mostrarse como vasalla del rey sino como heredera del trono de Castilla. LLueve. Blois parece anegado por el agua y la bruma. A ráfagas, el viento que sopla del norte desnuda los árboles del parque, hace que las hojas se atorbellinen alrededor de los torreones y los campanarios antes de depositarlas en el agua grisácea de las zanjas.
Seguida por las damas de honor, la primera camarista reaparece llevando en los brazos un largo vestido con mangas sobrecargadas de bordados y perlas, un corpiño cortado en punta y tejido con hilos de oro.
- Bien -asiente Juana-, vestidme.
No le gusta esta ostentación, esta rigidez, pero el vestido de Corte es un signo de poder, la prueba de su autoridad. Cuanto más frágil se sienta, más impresionante debe ser su apariencia.
- Mis perlas -ordena.
Le traen el estuche de marroquinería que guarda el aderezo regalado por Isabel y el joyel que Felipe le obsequió cuando nació Carlos.
Vestida, ataviada, Juana exige un espejo. Ha borrado el cansancio de las noches insomnes bañando su rostro con agua de aloe y pepino traído de España, ha ordenado que Aicha la peinara durante largo rato, trenzando sus cabellos con hilos de oro mezclados con cintas de terciopelo negro. Viendo su silueta en el espejo, recupera el valor. Ha adelgazado, se encuentra hermosa."
Loca de amor, Catherine Hermany-Vieille, Colección Novela histórica p.130,131
Anécdota :
Era tradición en la Corte francesa que el rey o la reina regalase algunas monedas a sus invitados para que las diesen de limosna en la misa. Después de la misa en Blois, cuando la reina Ana de Bretaña le regaló a Juana las monedas, la infanta las rechazó y ofreció un pendiente. Se dice que cuando su esposo Felipe quiso rescatar la joya ofreciendo dinero a cambio, Juana regaló el otro pendiente.
Anecdote :
Il était de tradition à la Cour de France que le roi ou la reine offre quelques pièces à leurs invités pour qu'ils les donnent en aumône à la messe. Après la messe à Blois, lorsque la reine Anne de Bretagne offrit les pièces à Jeanne, l'infante les refusa et fit cadeau d'une boucle d'oreille. On dit que lorsque Philippe voulut sauver le bijou en offrant en échange de l'argent, Jeanne fit cadeau de la deuxième boucle d'oreille.
En décembre 1501, Jeanne et Philippe font route vers l'Espagne où les Cortès doivent reconnaître Jeanne comme héritière de la Couronne. Ils s'arrêtèrent à Blois à la Cour de France. les relations entre Jeanne et le monarques français sont très tendues car Louis XII dispute à Ferdinand le royaume de Naples. Jeanne, qui ne peut accepter d'être considérée comme une vassalle du roi de France, veut affirmer son autorité.
"- Non non, pas cette robe -decide Jeanne-. Aujourd'hui, je veux être habillée à la mode espagnole.
La camariste s'étonne. Pourquoi l'archiduchesse réclame-t'elle donc l'une de ses lourdes toilettes qui la compriment, rigidifiées par tant de broderies d'or et d'argent, alors que les dames françaises étaient vêtues de souples étoffes, de lin fin, de douces fourrures ?
- Vous m'avez entendue ? demande Jeanne.
Pour cette messe solennelle avec la reine de France elle ne veut pas apparaitre comme une vassale du roi mais comme l'héritière du trône de Castille. Il pleut. Blois semble noyée sous l'eau et la brume. Le vent du nord qui souffle en rafales dénude les arbres du parc, fait tourbillonner les feuilles autour des grosses tours et des clochers avant de les déposer dans l'eau grisâtre des fossés.
Suivie par les dames d'honneur, la camériste réapparait en tenant une longue robe surchargée de broderies et de perles et un corsage coupé en pointe et tissé de fils d'or.
- Bien -acquiesce Jeanne-, habillez-moi.
Cette ostentation et cette rigidité ne lui plaisent pas, mais le vêtement de Cour est un signe de pouvoir, la preuve de son autorité. Plus elle se sent fragile, plus elle doit impressionner.
- Mes perles -ordonne-t'elle.
On lui apporte l'écrin de maroquinerie dans lequel se trouvent la parure que lui a donnée sa mère ainsi que le petit bijou offert par Philippe à la naissance de Charles.
Ainsi vêtue et parée, Jeanne exige qu'on lui apporte un miroir. Elle a effacé les traces de ses nuits blanches en baignant son visage dans l'eau d'aloès et de concombre rapportée d'Espagne, a ordonné qu'Aicha la coiffe longuement, en tressant ses cheveux avec des rubans de velour noir entremêlés de fils d'or. En voyant sa silhouette dans le miroir, elle reprend courage. Ella a maigri, elle se trouve belle."
Un amour fou, Catherine Hermany-Vieille
Version espagnole de Manuel Serrat Crespo (texte ci-dessus traduit en français par Véronique RAMOND)
Version originale en français disponible dans plusieurs éditions (Pocket, Olivier Orban...)