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El blog de Sueños de España

El blog de Sueños de España

Hace muchos años, cuando el idioma castellano entró en mi vida, empecé un maravilloso viaje que nunca acabará... Y tanto me gusta compartirlo con vosotros ! Gracias por seguirme, por participar, por dejar comentarios y leerme, y sobretodo, gracias por el amor y el cariño que les tenéis a nuestra bella España y a las culturas hispánicas.


Escena del Teniente Coronel de la Guardia Civil - Federico García Lorca

Publié par vero0576 sur 18 Décembre 2010, 20:45pm

Catégories : #Federico García Lorca, #Poésie - Poesía, #art - arte

Escena del Teniente Coronel de la Guardia Civil - Federico García Lorca

Lucha entre la crueldad y el sueño, la fealdad de la realidad y la belleza de las palabras...

 

Escena del Teniente Coronel de la Guardia Civil

 

Teniente Coronel

Yo soy el teniente coronel de la Guardia Civil

 

Sargento

Sí.

 

Teniente Coronel

Y no hay quien me desmienta.

 

Sargento

No.

 

Teniente Coronel

Tengo tres estrellas y veinte cruces.

 

Sargento

Sí.

 

Teniente Coronel

Me ha saludado el cardenal arzobispo de Toledo con sus veinticuatro borlas moradas.

 

Sargento

Sí.

 

Teniente Coronel

Yo soy el teniente. Yo soy el teniente. Yo soy el teniente coronel de la Guardia Civil.

 

(Romeo y Julieta, celeste, blanco y oro, se abrazan sobre el jardín de tabaco de la caja de puros. El militar acaricia el cañón de su fusil lleno de sombra submarina. Una voz fuera.)

 

Luna, luna, luna, luna,

del tiempo de la aceituna.

Cazorla enseña su torre

y Benamejí la oculta.

 

Luna, luna, luna, luna.

Un gallo canta en la luna.

Señor alcalde, sus niñas

están mirando a la luna.

 

Teniente Coronel

¿ Qué pasa ?

 

Sargento

¡ Un gitano !

 

(La mirada de mulo joven del gitanillo ensombrece y agiganta los ojirris del TENIENTE CORONEL de la Guardia Civil.)

 

Teniente Coronel

Yo soy el teniente coronel de la Guardia Civil

 

Sargento

Sí.

 

Teniente Coronel

¿ Tú quién eres ?

 

Gitano

Un gitano

 

Teniente Coronel

¿ Y qué es un gitano ?

 

Gitano

Cualquier cosa.

 

Teniente Coronel

¿ Cómo te llamas ?

 

Gitano

Eso

 

Teniente Coronel

¿ Qué dices ?

 

Gitano

Gitano

 

Sargento

Me lo encontré y lo he traído.

 

Teniente Coronel

¿ Dónde estabas ?

 

Gitano

En la puente de los ríos.

 

Teniente Coronel

Pero, ¿ de qué ríos ?

 

Gitano

De todos los ríos.

 

Teniente Coronel

¿ Y qué hacías allí ?

 

Gitano

Una torre de canela.

 

Teniente Coronel

¡ Sargento !

 

Sargento

A la orden, mi teniente coronel de la Guardia Coronel.

 

Gitano

He inventado unas alas para volar, y vuelo. Azufre y rosa en mis labios.

 

Teniente Coronel

¡ Ay !

 

Gitano

Aunque no necesito alas, porque vuelo sin ellas. Nubes y anillos en mi sangre.

 

Teniente Coronel

¡ Ayy !

 

Gitano

En Enero tengo azahar.

 

Teniente Coronel

(Retorciéndose) ¡ Ayyyyy !

 

Gitano

Y naranjas en la nieve.

 

Teniente Coronel

¡ Ayyyyy, pun pin, pam. (Cae muerto,)

(El alma de tabaco y café con leche del teniente coronel de la Guardia  Civil sale por la ventana.)

 

Sargento

¡ Socorro !

 

(En el patio del cuartel, cuatro guardias civiles apalean al gitanillo.)

 

Veinticuatro bofetadas, 

veinticinco bofetadas;

después, mi madre, a la noche,

me pondrá en un papel de plata.

 

Guardia civil caminera,

dadme unos sorbitos de agua.

Agua peces y barcos.

Agua, agua, agua, agua.

 

¡ Ay, mandor de los civiles

que estás arriba en tu sala !

¡ No habrá pañuelos de seda

para limpiarme la cara !

 

5 de julio de 1925

Federico García Lorca, Poema del Cante jondo

Escena del Teniente Coronel de la Guardia Civil - Federico García Lorca

Lutte entre la cruauté et le rêve, entre la laideur de la réalité et la beauté des mots... 

 

Scène du Lieutenant Colonel de la Garde Civile

 

Lieutenant colonel

Je suis le Lieutenant Colonel de la Garde Civile.

 

Sergent

Oui

 

 Lieutenant colonel

Et personne ne me contredit.

 

Sergent

  Non.

 

Lieutenant colonel

J'ai trois étoiles et vingt croix.

 

Sergent

Oui

 

Lieutenant colonel

L'archevêque de Tolède m'a salué, avec ses vingt-quatre pompons violets.

 

Sergent

Oui.

 

Lieutenant colonel

Je suis le lieutenant. Je suis le lieutenant. Je suis le lieutenant colonel de la Garde civile.

 

(Roméo et Juliette, bleu ciel, blanc et or, s'étreignent sur le jardin de tabac de la boîte de cigares. Le militaire caresse le canon de son fusil rempli d'ombre sous-marine. Une voix à l'extérieur.)

 

Lune, lune, lune, lune,

du temps de l'olive.

Cazorla montre sa tour

et Benamejí la dissimule.

 

Lune, lune, lune, lune,

Un coq chante sous la lune.

Monsieur le maire, vos filles

en ce moment regardent la lune.

 

Lieutenant colonel

¿ Que se passe-t'il ?

 

Sergent

¡ Un gitan !

 

(Le regard de mulet du petit gitan assombrit et rend gigantesques les énormes yeux du lieutenant colonel de la garde Civile.)

 

Lieutenant colonel

Je suis le lieutenant colonel de la Garde Civile.

 

Sergent

Oui.

 

Lieutenant colonel

¿ Qui es-tu, toi ?

 

Gitan

Un gitan

 

Lieutenant colonel

¿ Et qu'est-ce qu'un gitan ?

 

Gitan

N'importe quoi.

 

Lieutenant colonel

¿ Comment t'appelles-tu ?

 

Gitan

Comme ça.

 

Lieutenant colonel

¿ Que dis-tu ?

 

Gitan

Gitan.

 

Sergent

Je l'ai trouvé et l'ai amené.

 

Lieutenant colonel

¿ Où étais-tu ?

 

Gitan

Sur le pont des rivières.

 

Lieutenant colonel

Mais, de quelles rivières ?

 

Gitan

De toutes les rivières.

 

Lieutenant colonel

¿ Et que faisais-tu là-bas ?

 

Gitan

       Une tour de cannelle.

 

Lieutenant colonel

¡ Sergent !

 

Sergent

A vos ordres, mon lieutenant colonel de la Garde Civile.

 

Gitan

J'ai inventé des ailes pour voler, et je vole. Du soufre et de la rose sur mes lèvres.

 

Lieutenant colonel

¡ Aïe !

 

Gitan

Mais je n'ai pas besoin d'ailes pour voler. Des nuages et des anneaux dans mon sang.

 

Lieutenant colonel

¡ Aïïe !

 

Gitan

En janvier j'ai de la fleur d'oranger.

 

Lieutenant colonel

(Se tortillant) ¡ Aïïïïe !

 

Gitan

Et des oranges dans la neige.

 

Lieutenant colonel

Aïïïïe, poum paf, pan ! (Il tombe raide mort,)

 

(L'âme de tabac et de café au lait du lieutenant colonel de la Garde Civile sort par la fenêtre.)

 

Sergent

¡ Au secours !

(Dans la cour de la caserne, quatre gardes civils frappent à coups de bâton le petit gitan.)

 

Vingt-quatre coups, 

vingt-cinq coups;

ensuite ma mère, à la nuit tombée,

me mettra dans un papier d'argent.

 

Garde civile des chemins,

Donnez-moi quelques gorgées d'eau.

De l'eau des poissons et des bateaux

De l'eau, de l'eau, de l'eau, de l'eau.

 

Hélas, chef des gardes

qui es là-haut dans ta salle !

Il n'y aura pas de mouchoir de soie

pour nettoyer mon visage

 

5 juillet 1925

Federico García Lorca, 

Poème du "chant profond"

 

Traduction française: Véronique RAMOND

Escena del Teniente Coronel de la Guardia Civil - Federico García Lorca
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